D’avril à septembre environ, les hyménoptères aculéates, sous-ordre d’insectes comprenant entre autres les guêpes (y compris les frelons), les abeilles ainsi que les bourdons, sont en activité. Que ce soit dans la vie privée ou au travail, tout un chacun est, à des degrés divers, exposé à un risque de piqûre. En général, ces insectes sont cependant peu agressifs de nature et ne piquent que s’ils se sentent menacés.
Quelques situations professionnelles comportent toutefois un risque plus spécifique et plus élevé, parmi lesquelles :
Les piqûres d’hyménoptères lors d’activités professionnelles constituent un événement soudain survenant dans le cadre de l’exécution du contrat de travail ; elles sont donc considérées comme accident de travail et doivent être déclarées comme telles.
Dans la mesure du possible, éviter les activités extérieures à risque (tonte des haies, débroussaillage, ramassage de déchets…) en pleine chaleur, car la transpiration attire guêpes et abeilles.
Fermer impérativement les récipients contenant les boissons, surtout si elles sont sucrées (attention aux canettes ouvertes !).
Eviter les mouvements brusques en cas d’approche d’un insecte, surtout à proximité d’un nid, car un insecte se sentant menacé émet des substances volatiles qui attirent ses congénères.
On ajoutera au contenu de base de la trousse de secours :
Si elles sont le plus souvent bénignes, les piqûres de guêpes et d’abeilles occasionnent environ 1 à 5 décès par an en Belgique dans la population générale.
La piqûre d’hyménoptère consiste en une effraction de la peau au moyen du dard, avec injection de venin.
Dans le cas de piqûre d’abeille, le dard, pourvu de crochets, demeure dans la peau, ce qui condamne par ailleurs l’insecte piqueur. Ce n’est pas le cas pour les guêpes qui peuvent ainsi piquer plusieurs fois, mais avec une diminution progressive de la quantité de venin injecté.
L’inoculation de venin entraîne une envenimation locale (et non pas une allergie1) provoquant une douleur vive, de la rougeur, un gonflement et parfois une urticaire (plaque en relief sur la peau, avec démangeaisons) localisés, mais la douleur prime souvent sur les démangeaisons. En cas d’allergies, c’est l’inverse : les démangeaisons priment sur la douleur.
Le point de piqûre est susceptible de s’infecter dans un second temps et devra donc être traité comme une plaie.
Parfois, la réaction peut s’avérer plus importante, un gonflement important apparaissant en quelques minutes à l’endroit de la piqûre avec une extension à distance, loco-régionale (par exemple, en cas de piqûre au niveau de la main, il y a un gonflement de la main, de l’avant-bras et parfois du bras).
Généralement bénignes quand elles se localisent à la peau, les piqûres d’hyménoptères ont un pronostic beaucoup plus réservé quand elles touchent la bouche et les voies respiratoires supérieures. Le gonflement des muqueuses peut alors perturber la ventilation et provoquer une asphyxie par obstruction.
L’envenimation multiple entraîne la résorption de diverses substances toxiques pouvant provoquer une destruction de globules rouges et la survenue de troubles rénaux, voire un choc cardio-vasculaire. Ces phénomènes sont le plus souvent guérissables, la dose mortelle chez l’homme non allergique étant, pour les guêpes, de 40 piqûres par kilo de poids.
Le mécanisme de la réaction allergique comprend deux phases.
La réaction allergique se marque localement par une zone de piqûre où les démangeaisons prennent le pas sur la douleur.
Le gonflement et la rougeur sont plus étendus, une urticaire survient à proximité de la piqûre mais peut aussi apparaître à distance, voire se généraliser puisque l’histamine2 est libéré dans le corps entier via les vaisseaux sanguins.
Des signes généraux peuvent se manifester comme :
La situation est susceptible de s’aggraver et de conduire au coma voire au décès.
Parfois, la réaction allergique se déclenche très rapidement (en quelques minutes) et se généralise directement, entraînant un choc anaphylactique qui nécessite une prise en charge médicale adéquate.
Seuls les patients présentant des réactions allergiques systémiques (urticaire, malaise, choc) après piqûre de guêpe ou d’abeille et chez qui des tests cutanés et sanguins (anticorps IgE spécifiques du venin, tryptases) sont positifs, relèvent d’une désensibilisation à faire en milieu hospitalier par un médecin spécialiste.
Une mise au point doit être conseillée aux sujets qui :
Ces sujets doivent être considérés à risque, non parce qu’ils manifestent plus souvent des allergies aux piqûres d’hyménoptères mais parce que les réactions sont plus intenses.
En cas de piqûre(s) en petit nombre, avec réaction locale faible ou modérée :
En cas de piqûres en grand nombre et d’allergie importante :
Pour les travailleurs allergiques, la détention d’une seringue d’adrénaline prête à l’emploi peut être envisagée mais uniquement sur base d’une prescription par le médecin traitant.
En effet, l’administration de ce traitement d’urgence n’est pas dénuée de risques car contre-indiquée dans certaines maladies.
1. L’allergie est une réaction immunitaire via les anticorps IgE contre le venin provoquant la libération d’histamine.
2. L’histamine est une molécule impliquée entre autre dans l’allergie à manifestation immédiate. Elle est responsable des principaux symptômes de l’allergie.