back-arrow 13 février 2024

Recrudescence de la coqueluche en Belgique : la maladie ‘oubliée’ est à nouveau en augmentation

Nous sommes en pleine période hivernale, et les infections respiratoires sont donc plus fréquentes. Nous souhaitons vous en dire plus sur l’une d’entre elles : la coqueluche, également connue sous le nom de ‘toux des 100 jours’.

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Depuis le début de l’année 2024, le nombre de cas de coqueluche en Belgique est nettement plus élevé que les années précédentes, tant en Flandre qu’en Wallonie, et ce malgré une couverture vaccinale élevée. Cette augmentation avait cependant déjà été constatée en juillet 2023. La plupart des cas de coqueluche surviennent chez des enfants âgés de 5 à 14 ans, ce qui n’est pas illogique étant donné que c’est à ce moment-là que la protection commence à diminuer et que la dose de rappel n’est administrée qu’à l’âge de 6 ans. Pour ces enfants, la coqueluche n’est pas si dangereuse, mais ils peuvent contaminer leurs frères et sœurs cadets, qui sont eux très vulnérables et sujets à des complications. Le Département flamand de la santé a ainsi constaté en janvier 2024 une augmentation du nombre de déclarations d’infections et d’hospitalisations liées à la coqueluche chez les enfants de moins d’un an.

Dans cet article, nous voulons souligner l’importance de la vaccination, d’une part parce que la bactérie circule fréquemment et est très contagieuse, et d’autre part parce que la maladie est parfois sous-estimée, et peut être très dangereuse et très désagréable.

Quelles sont les causes de la coqueluche et comment est-on infecté ?

La coqueluche est une maladie infectieuse causée par une bactérie très contagieuse appelée Bordetella pertussis (du nom du chercheur belge qui l’a découverte, Jules Bordet). La contamination se produit par des gouttelettes de salive en suspension dans l’air quand des personnes infectées éternuent, toussent ou parlent, ou par contact direct avec le mucus du nez et de la gorge.

Quelles sont les personnes les plus à risque ? Quels sont les groupes à risque ?

Pour les nouveau-nés de moins de 3 mois dont les parents ne sont pas vaccinés ou ne le sont que partiellement, la maladie peut s’avérer extrêmement dangereuse et peut être mortelle. C’est pourquoi les nourrissons sont vaccinés contre la coqueluche dès que possible ; la vaccination est possible à partir de 8 semaines après la naissance. Les nourrissons ne sont pas les seuls à courir un risque. Les enfants plus âgés et les adultes qui ne sont pas complètement vaccinés, ainsi que les personnes souffrant de maladies pulmonaires ou cardiaques, sont également plus exposés qu’ils ne le pensent et peuvent donc être gravement malades. La coqueluche est également particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes, d’une part parce que la toux sévère peut entraîner une naissance prématurée, mais surtout parce qu’elles peuvent infecter leur bébé à la naissance. Toutefois, l’infection ne peut pas être transmise par le placenta de la mère à l’enfant pendant la grossesse.

Quel est le tableau clinique ?

La coqueluche évolue généralement en 3 phases. Elle commence par un rhume (de cerveau) banal (toux légère, écoulement nasal…) et une sensation générale de malaise. C’est aussi à ce moment-là qu’on est le plus contagieux. Après une à deux semaines, la toux légère s’aggrave et ce rhume persistant passe à un stade paroxystique (= par poussées) caractérisé par plusieurs quintes de toux se succédant rapidement lors de l’expiration et laissant ensuite place à une respiration sifflante. Le patient peut avoir 5 à 15 quintes de toux avant de pouvoir respirer, ce qui peut provoquer une détresse respiratoire. Les crises sont souvent plus intenses la nuit, ce qui peut être très épuisant. La toux s’accompagne d’expectorations claires et visqueuses. Le patient est parfois sujet à des vomissements. Cette phase paroxystique peut durer de 2 à 4 semaines. On est contagieux dès l’apparition des symptômes et jusqu’à 3 semaines après le début des quintes de toux, soit environ 5 semaines au total. Au troisième stade, la phase de rétablissement, les quintes de toux typiques se transforment en une toux moins dense qui perdure pendant quelques semaines.

Chez les nouveau-nés et les prématurés, on peut passer à côté du diagnostic en raison de la possible absence de toux. En effet, les seuls symptômes qui peuvent se manifester sont les apnées temporaires (arrêts respiratoires) et la cyanose (coloration anormale bleutée de la peau, due à un manque d’oxygène). Ces symptômes peuvent provoquer des lésions cérébrales et mettre la vie du bébé en danger.

Cependant, la bactérie de la coqueluche n’est pas toujours dangereuse. Les enfants plus âgés et les patients adultes ne présentent généralement pas ou peu de symptômes (rhume). Mais dans une étude menée par le gouvernement flamand, 28% des cas de coqueluche ont toussé pendant plus de 100 jours ! C’est donc une situation très désagréable, et une cause potentielle de troubles du sommeil et de diminution du bien-être au travail.

Tout cas confirmé de coqueluche (par PCR ou sérologie) sera déclaré à la cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ dans les 24 heures.

Quelles sont les personnes les plus à risque ? Quels sont les groupes à risque ?

Pour les nouveau-nés de moins de 3 mois dont les parents ne sont pas vaccinés ou ne le sont que partiellement, la maladie peut s’avérer extrêmement dangereuse et peut être mortelle. C’est pourquoi les nourrissons sont vaccinés contre la coqueluche dès que possible ; la vaccination est possible à partir de 8 semaines après la naissance. Les nourrissons ne sont pas les seuls à courir un risque. Les enfants plus âgés et les adultes qui ne sont pas complètement vaccinés, ainsi que les personnes souffrant de maladies pulmonaires ou cardiaques, sont également plus exposés qu’ils ne le pensent et peuvent donc être gravement malades. La coqueluche est également particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes, d’une part parce que la toux sévère peut entraîner une naissance prématurée, mais surtout parce qu’elles peuvent infecter leur bébé à la naissance. Toutefois, l’infection ne peut pas être transmise par le placenta de la mère à l’enfant pendant la grossesse.

Des complications sont-elles possibles ?

Certainement, la maladie est d’ailleurs sous-estimée dans ce sens. Chez les nourrissons insuffisamment vaccinés, l’une des complications de la coqueluche peut être les dommages cérébraux causés par le manque d’oxygène et les pétéchies. Chez les jeunes enfants, les complications les plus fréquentes sont la pneumonie et l’otite moyenne. La toux persistante peut également provoquer des pétéchies dans les poumons et le cerveau. Chez les adultes, la pneumonie et l’otite moyenne sont également signalées, ainsi que des complications comme l’incontinence urinaire, l’étouffement par ingestion, la perte d’audition, la fracture des côtes, la hernie dorsale, la douleur lombaire et la perte de poids.

L’affection est-elle fréquente ?

L’OMS estime qu’environ 45 millions de personnes sont infectées chaque année dans le monde. Heureusement, seule une petite minorité des infections est mortelle, mais cela représente tout de même environ 400 000 décès par an… Ces dernières années, la fréquence de la coqueluche a augmenté en Belgique. En effet, la bactérie s’adapte progressivement, rendant le vaccin légèrement moins efficace. Heureusement, l’augmentation de l’incidence est également due au fait que les médecins sont plus conscients de la maladie, qu’ils y pensent plus rapidement et qu’ils effectuent de meilleurs tests de diagnostic. Entre 2011 et 2019, il y a eu en moyenne 80 cas par mois. En 2020, les chiffres ont fortement chuté. En raison du covid, les mesures adoptées ont permis de limiter la propagation des germes pathogènes. Entre-temps, la bactérie est en pleine recrudescence : En Wallonie, 163 patients ont déjà été diagnostiqués depuis le 1er janvier. Sur toute l’année 2023, la Wallonie avait fait état de 363 cas. En un mois et demi, nous en sommes au double par rapport à la moyenne observée avant la pandémie de coronavirus.

Une toux prolongée peut-elle avoir d’autres causes que la coqueluche ?

Oui, bien sûr. Les autres causes importantes sont : l’asthme, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), le tabagisme, une infection par un adénovirus ou un virus para-influenza…

Est-il possible de traiter la coqueluche ?

Dans certains cas, en particulier chez les bébés non vaccinés, un traitement antibiotique est nécessaire. Dans d’autres cas, le traitement antibiotique n’est efficace à 100 % que s’il est administré aux stades extrêmement précoces de la maladie, idéalement au cours des trois premières semaines. Plus le traitement commence tôt, plus les résultats sont positifs. Il n’est pas certain que le traitement antibiotique entraîne un raccourcissement significatif de la durée de la maladie ou une réduction de la gravité des symptômes. Néanmoins, ils sont utiles : ils permettent d’éliminer les bactéries et de rendre ainsi les personnes non contagieuses (c’est déjà le cas 5 à 7 jours après le début du traitement).

Prévention

Il est important de toujours maintenir une bonne hygiène des mains, de la toux et des éternuements afin de ne pas infecter les autres :

  • Ne toussez ou n’éternuez pas en direction de quelqu’un, mais détournez la tête et toussez ou éternuez dans un mouchoir en papier jetable ou dans votre coude ;
  • Lavez et désinfectez régulièrement vos mains après avoir toussé, éternué ou vous être mouché ;
  • Le port du masque peut également être utile.

En outre, la vaccination est très importante pour prévenir la coqueluche et protéger les groupes les plus vulnérables. Le vaccin contre la coqueluche est efficace, sûr et gratuit. Cependant, ni la vaccination ni l’infection naturelle ne protègent complètement ou à vie. La protection conférée par la vaccination dure environ 4 à 12 ans et diminue avec le temps, passant de 80-85% au début, à 62% 4-7 ans après la dernière vaccination et à 41% ≥ 8 ans après la vaccination. Après un nouveau contact avec la bactérie, un effet de rappel se produit et l’on est à nouveau temporairement immunisé.

Le Conseil Supérieur de la Santé recommande vivement de vacciner les groupes suivants :

  • Les femmes enceintes : elles sont vaccinées pour protéger le groupe à haut risque des nouveau-nés, au cours de la période allant de la 24e à la 32e semaine de leur grossesse (vaccination maternelle), indépendamment du fait que la femme ait reçu une dose de rappel auparavant. Cependant, les nouveau-nés ne peuvent pas être vaccinés immédiatement et plusieurs doses sont nécessaires avant que la protection ne soit optimale. Grâce à la vaccination de la mère, le bébé naît avec des anticorps contre la coqueluche. La vaccination prévient l’infection par la coqueluche chez 9 bébés sur 10 âgés de moins de 3 mois et constitue donc la stratégie de prévention la plus efficace. Il est recommandé de renouveler cette vaccination à chaque grossesse. Le vaccin est sans danger pour l’enfant à naître.
  • Nourrissons : ils sont vaccinés à 8, 12 et 16 semaines, puis à 15 mois (calendrier de vaccination de base). Une vaccination de rappel avec le vaccin contre la coqueluche à l’âge de 6 ans a été incluse dans le calendrier de vaccination en 2004 et, depuis 2009, les adolescents âgés de 14 à 15 ans reçoivent un vaccin de rappel supplémentaire.
  • Les membres de la famille proche : ils sont idéalement vaccinés pendant la grossesse, plus précisément quelques semaines avant l’accouchement, indépendamment de l’historique de vaccination (complète ou incomplète) contre la coqueluche (vaccination cocoon).
  • Les personnes qui travaillent avec des jeunes enfants (le personnel soignant des services pédiatriques, des maternités et des crèches, et les accueillantes de jeunes enfants). En 2020, une couverture vaccinale encore insuffisante a été mesurée chez ces personnes.

Attention : même si l’on est vacciné, on peut toujours contracter la coqueluche, même si c’est sous une forme moins grave. On ne souffre alors généralement que d’une toux persistante.

Une troisième forme de prévention consiste à administrer un traitement prophylactique – c’est-à-dire un traitement préventif – à l’aide d’antibiotiques à tous les contacts à haut risque d’une personne atteinte de coqueluche, par exemple si un enfant de la famille n’est pas (complètement) vacciné ou si l’on est en contact étroit avec les groupes à risque. Cette prophylaxie doit être entamée dans les trois semaines suivant l’apparition de la toux.

Qu’en est-il du travail ?

Dans la plupart des cas, un adulte atteint de coqueluche qui se sent bien peut travailler normalement. La coqueluche est contagieuse avant même de savoir que l’on en est atteint. Rester à la maison ne permet pas d’éviter que d’autres personnes tombent malades. Vous travaillez avec des bébés ou dans le domaine des soins, par exemple dans une maternité, une salle d’accouchement, un service de néonatologie ou un service pédiatrique d’un hôpital, dans un service de soins à domicile/soins postnatals ou dans une crèche ? Dans ce cas, consultez votre médecin traitant, votre médecin du travail ou votre employeur avant de (re)commencer à travailler. Il faut toutefois vérifier si vous avez eu des contacts à risque avec des nourrissons ou des femmes enceintes non vaccinés ou incomplètement vaccinés pendant la période de contagiosité. Dans certains cas, une vaccination (de rappel) et un traitement antibiotique préventif peuvent donc être appropriés.

Conclusion

Le gouvernement invite tout le monde, en particulier les personnes qui travaillent dans des services à risque, à vérifier s’ils sont encore suffisamment vaccinés afin que les nourrissons très vulnérables puissent être protégés. Les futurs parents, grands-parents et les proches de la famille ont tout intérêt à se faire revacciner, même si cela ne remonte pas à plus de dix ans !

Vérifiez votre statut vaccinal sur : Ma Santé | eHealth (belgique.be)

Références

Dr Mathieu VERSEE en Dr. Stéphanie HOLLEBOSCH