19 février 2024
L’employeur est-il tenu d’intervenir dans l’achat de semelles orthopédiques si un travailleur doit en porter dans les chaussures de sécurité ?
Nous allons vous guider à travers les différentes législations et normes, mais la réponse est… oui, effectivement.
Le Code belge du Bien-être au travail décrit un « équipement de protection individuelle » comme suit : « tout équipement, sous réserve des exceptions réglementaires, destiné à être porté ou tenu par le travailleur en vue de le protéger contre un ou plusieurs risques susceptibles de menacer sa sécurité ou sa santé au travail, ainsi que tout complément ou accessoire destiné à cet objectif »
Le Règlement UE 2016/425 est beaucoup plus clair dans sa description d’un EPI :
« a) un équipement conçu et fabriqué pour être porté ou tenu par une personne en vue de la protéger contre un ou plusieurs risques pour sa santé ou sa sécurité ;
b) un composant interchangeable pour un équipement visé au point a) qui est indispensable à la fonction de protection dudit équipement ;
c) … »
Autrement dit, les semelles intérieures destinées à être utilisées dans des chaussures de sécurité doivent être considérées comme une partie interchangeable de ces chaussures de sécurité et sont essentielles à leur fonction de protection.
Ce même Code oblige l’employeur à prendre en considération les défauts physiques et l’ergonomie :
Conclusion : il est préférable de considérer les semelles orthopédiques comme un EPI, et il existe une obligation légale explicite de proposer des chaussures de sécurité qui tiennent suffisamment compte des exigences en matière d’ergonomie, de confort et de santé du travailleur.
Le Code (Art. IX.2-9) stipule également que tout EPI doit dans tous les cas être approprié à la prévention des risques, sans induire lui-même un risque accru. Et c’est précisément là que le bât blesse : les semelles orthopédiques peuvent parfois affecter la sécurité des chaussures de sécurité.
Dans notre édition Actuascan de mai 2022, nous décrivions la nouvelle norme EN ISO 20345:2022. Cette nouvelle norme – en particulier mais non exhaustivement les rubriques 8.2, 8.3 et l’annexe A – décrit les problèmes qui peuvent survenir et ce dont il faut tenir compte lorsque les travailleurs mettent leurs propres semelles orthopédiques (‘customized insocks’) dans les chaussures de sécurité :
Dans de rares cas, une semelle orthopédique pourrait aggraver les blessures provoquées par un accident du travail ou participer à la cause de l’accident du travail.
Large gamme de chaussures de sécurité
Il existe une obligation légale explicite de proposer des chaussures de sécurité suffisamment adaptées aux exigences en matière d’ergonomie, de confort, de santé et de sécurité du travailleur. Il est donc recommandé d’offrir aux travailleurs une large gamme de chaussures de sécurité. Dans certains cas, les travailleurs n’auront même pas besoin de semelles orthopédiques. Les possibilités de choix permettent également d’augmenter la motivation à porter réellement les chaussures de sécurité.
Cabinets de podologie spécialisés
Il est recommandé de faire appel à des cabinets de podologie spécialisés travaillant conformément à la norme européenne EN ISO 20345:2022 et au Règlement UE 2016/425. Conformément au Règlement 2016/425, les semelles destinées à être utilisées dans les chaussures de sécurité sont en effet soumises à un examen UE de type par un organisme notifié. Il s’agit d’un examen de type, les cabinets de podologie ne doivent donc pas nécessairement impliquer le fabricant des chaussures de sécurité en question dans la ou les procédures d’évaluation de la conformité de leurs semelles. Après avoir effectué un test avec le travailleur et ses chaussures de sécurité, le cabinet de podologie spécialisé remettra à l’employeur, en même temps que les semelles, une déclaration de conformité UE afin que l’employeur soit en conformité avec la législation européenne.
Avantages que présente le remboursement de semelles orthopédiques pour l’employeur
Une crainte pas tout à fait infondée des employeurs est que les semelles orthopédiques qu’ils ont en partie payées soient utilisées principalement à des fins privées. Il est préférable de discuter des solutions possibles en la matière en comité pour la prévention et la protection et de les faire figurer au règlement de travail :
Il existe une obligation légale explicite de fournir des chaussures de sécurité suffisamment adaptées aux exigences en matière d’ergonomie, de confort, de santé et de sécurité du travailleur. Il convient donc de proposer aux travailleurs une large gamme de chaussures de sécurité.
Si la semelle intérieure d’origine est remplacée par une autre (par exemple pour des raisons médicales) que celle du fabricant, l’employeur doit intervenir et faire appel à des cabinets de podologie spécialisés.