24 février 2024
La gale humaine est une pathologie relativement bénigne. C’est une infection cutanée qui provoque des démangeaisons.
L’agent responsable de la gale est un parasite de la peau qui appartient à l’ordre des acariens (le sarcopte).
La gale survient en cas isolés ou par épidémies périodiques, notamment dans les collectivités (hôpitaux, maisons de repos, établissements psychiatriques, prisons, etc.).
De nos jours, elle est extrêmement fréquente, sa méconnaissance favorise de nombreuses contaminations qui pourraient être évitées par un diagnostic précoce.
Elle touche tous les milieux sociaux, tous les continents et ne dépend pas des conditions d’hygiène. Il y a environ 300 millions de cas de gale dans le monde chaque année.
En milieu collectif, la gale est à déclaration obligatoire dès la confirmation de deux cas, à l’exclusion des cas familiaux.
Il est impossible de voir le parasite à l’œil nu.
La femelle fécondée, en creusant un sillon, s’enfouit dans la peau pour se nourrir et y pondre ses œufs ; ses déjections sont responsables du prurit par un mécanisme d’hypersensibilité.
Chez son hôte, le sarcopte survit de 1 à 3 mois.
Elle se fait essentiellement par contact humain direct, de peau à peau : par contact cutané direct prolongé (d’au moins 15 min.) dans le cas de la gale commune. Une personne infestée est contagieuse dès la phase d’incubation.
La transmission est également possible par contact indirect via le linge, la literie, les surfaces inertes (5% des cas).
La gale norvégienne (gale croûteuse, gale hyperkératosique) est une forme de gale très contagieuse, heureusement très rare (décrite pour la première fois en Norvège), qui survient chez certaines personnes (personnes souffrant de troubles de l’immunité, patients prenant des immunosuppresseurs, patients souffrant de troubles nerveux, de paralysies ou ayant une mobilité limitée…).
Elle se caractérise par des squames et des croûtes épaisses et blanches. Les nombreuses squames sont remplies de sarcoptes adultes et de sarcoptes à des stades plus jeunes. Le fait de se gratter permet aux squames chargées de sarcoptes de se répandre dans la pièce et d’infecter d’autres personnes (soignants, autres patients, visiteurs, personnel de nettoyage).
Dans le cas de la gale norvégienne, des mesures plus strictes, à discuter avec les services de prévention des maladies infectieuses des autorités compétentes, s’appliquent dès le premier cas.
Le diagnostic essentiellement clinique est difficile ; il repose sur la notion de démangeaisons à recrudescence vespérale et nocturne, la localisation des lésions et la notion de contact (notion de prurit dans l’entourage).
La gale est une maladie bénigne, curable mais il n’y a pas de guérison spontanée.
Le traitement individuel doit obligatoirement s’accompagner d’un traitement du linge contaminé. En communauté, il faut traiter tout le monde.
Il faut lessiver le linge de corps, les serviettes de bain, la literie à 60°C ou plus et répéter l’opération le lendemain du traitement. Seul le linge récemment utilisé (dans les 3 derniers jours) doit être traité ; il n’est pas question de laver tout le contenu de ses armoires !
Linge et objets non lavables à 60°C ou plus (couvertures et oreillers) seront enfermés dans un sac en plastique pendant 3 à 7 jours.
Malgré un traitement efficace, les symptômes et les lésions de la gale peuvent subsister pendant plusieurs semaines. Les démangeaisons peuvent même s’intensifier. Le patient doit en être averti afin d’éviter un emploi inutile des médicaments.
Le prurit peut persister pendant plusieurs semaines. Il peut être soulagé avec des antihistaminiques et des corticostéroïdes topiques à faible dose.
Le respect des précautions « standard », en particulier le lavage des mains, permet de rompre la chaîne de transmission de la parasitose.
Exemples de mesures à discuter avec les services de prévention des maladies infectieuses des autorités compétentes :
Inciter le personnel à consulter son médecin traitant ou un dermatologue dès l’apparition de symptômes évocateurs.
Toute personne présentant un de ces symptômes doit absolument être traitée le plus vite possible. Elle peut reprendre le travail après le début du traitement en cas de gale commune.
L’affection peut faire l’objet d’une demande en réparation pour maladie professionnelle (système « ouvert ») ; il convient pour cela de prendre rendez-vous auprès du médecin du travail.
Dr Cécile Surleraux,
Conseiller en prévention – Médecin du travail