14 septembre 2015
L’expression « comme on fait son lit on se couche » s’applique autant aux conséquences d’un acte qu’au choix de la literie. Les caractéristiques de qualité du matelas et du sommier ont été passées en revue dans un article précédent. Le choix d’un oreiller adapté fait également appel à quelques réflexions préalables.
Si nous changeons tous en moyenne 40 fois de position en moyenne sur une nuit, chacun adopte par contre une position préférentielle pour s’endormir: sur le côté, sur le dos ou le ventre. Cette première analyse est importante car cette position jugée plus confortable se présentera plus fréquemment pendant la nuit. C’est elle qui aura un impact sur la santé articulaire et musculaire de la nuque au réveil.
Un critère important est l’épaisseur de l’oreiller. La morphologie de la personne et la position de confort vont conditionner le choix. L’objectif est de sélectionner un oreiller qui permette de maintenir la colonne cervicale dans sa position naturelle.
Plusieurs cas peuvent se dessiner :
Dans ce cas, il faut se référer à la forme de la colonne dorsale et à la position de la tête par rapport au thorax pour éviter des positions étendues ou fléchies de la nuque.
Photo 1 |
Photo 2 |
Photo 3 Dos avec forte courbure : oreiller épais |
Photo 4
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Dans ce cas, c’est la dimension de la carrure qui importe. Pour maintenir la tête dans l’alignement de la colonne vertébrale, l’épaisseur de l’oreiller doit être adaptée.
Photo 5 Petite carrure et oreiller mince : |
Photo 6 Faible carrure et oreiller trop épais : |
Photo 7 Large carrure et oreiller épais : |
Photo 8 Large carrure et oreiller trop mince : |
Dans ce cas, un oreiller très mince conviendra. Une absence d’oreiller pourrait même être proposée (photo 9 et 10).
Photo 9 Couché sur le ventre et absence d’oreiller (ou oreiller très mince) : pas d’hyper-extension |
Photo 10 Couché sur le ventre et oreiller trop épais : hyper-extension de la colonne cervicale |
Attention, l’épaisseur de l’oreiller correspond à celle procurée avec la tête reposant dessus. Certains oreillers très volumineux se dégonflent fortement en étant comprimé.
La dureté du matelas est également à prendre en considération. Si vous avez opté pour un matelas souple, votre corps s’y enfoncera légèrement. L’oreiller pourra dès lors être moins épais. Par contre si votre matelas est plus dur, votre corps se maintiendra plus en surface et votre oreiller devra présenter une épaisseur plus importante.
Le garnissage en latex peut présenter différentes fermetés. Il faut trouver un compromis entre les critères évoqués précédemment concernant l’épaisseur de l’oreiller et le confort que le garnissage apporte. Les perforations au sein du latex varient l’aspect ferme ou moelleux de l’oreiller mais également son aération. Un latex bien aéré sera conseillé aux personnes qui transpirent beaucoup.
Le garnissage à base de duvets et plumes d’oies ou canards, est apprécié par certains pour son confort mais il faut être attentif au fait que la matière se tasse après quelque temps.
Le garnissage en matière synthétique se tasse facilement et perd rapidement ses capacités de confort et maintien. Il présente par contre l’avantage de pouvoir être lavé en machine.
Le garnissage en mémoire de forme s’adapte à la morphologie de la personne et répartit les pressions de façon uniforme. Il est parfois jugé trop ferme par une température fraîche et trop chaud en été.
Un oreiller de forme rectangulaire et de grande dimension (40x60cm voire 50x70cm) est préférable. Il évite de se retrouver la tête sans support lors des multiples changements de positions effectués inconsciemment pendant la nuit.
Photo 11 Choisir un oreiller de dimensions suffisantes |
Photo 12 Oreiller trop petit, inutile lors des changements de position |
Même un oreiller parfaitement adapté ne pourra pas effacer complètement les répercussions sur les articulations provoquées par les positions pénibles et fatigantes adoptées au cours des journées de travail. Un écran d’ordinateur mal positionné, un plan de travail trop bas sont des contraintes à solutionner en priorité. L’analyse du poste de travail, son adaptation éventuelle et la réalisation de quelques exercices physiques sont indispensables.
Enfin, certaines pathologies sont à prendre en considération dans le choix de l’oreiller et le conseil individualisé d’un thérapeute (kinésithérapeute, médecin, ergonome) est recommandé.
Jean-Philippe Demaret
Conseiller en prévention ergonome
Licencié en kinésithérapie et éducation physique