back-arrow 14 mai 2023

Comment gérer une vague de chaleur en entreprise ?

L’été approche ! Anticipons les problèmes liés à la gestion des fortes chaleurs en entreprise. Consultez nos conseils de prévention et de gestion de ces périodes de fortes chaleurs. Cet article vous explique comment vous y préparer en tant qu’employé et tant qu’employeur.

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Jour d’été, vague de chaleur et canicule : définitions

En Belgique, une journée d’été est définie comme une journée durant laquelle la température a au moins atteint 25°C. Une journée de canicule quant à elle, correspond à une journée au cours de laquelle la température a au moins atteint 30°C. Une vague de chaleur correspond à une période d’au moins cinq journées d’été consécutives (≥ 25°C), comportant au moins trois journées de canicule (≥ 30°C) (station météorologique de référence : Uccle). Ces définitions sont à considérer dans le cadre de la climatologie traditionnelle. Elles ne prennent en considération que les températures maximales atteintes pendant un nombre déterminé de journées.

L’IRM actualise deux fois par jour ses avertissements qui sont consultables sur leur site Internet. L’IRM est chargé du suivi des températures et a établi des prévisions sur cinq jours en utilisant un code couleur (vert – jaune – orange et rouge) pour avertir le public des risques liés aux périodes de canicule.

  • VERT: Pas d’avertissement applicable
  • JAUNE : Lors d’une vague de chaleur ou lors d’au moins 1 jour avec Tmax ≥ 32°C
  • ORANGE : Lors d’une vague de chaleur pendant laquelle 3 jours consécutifs atteignent  une température maximale moyenne Tmax ≥ 32°C, ou lors d’au moins 1 jour avec Tmax ≥  35°C
  • ROUGE : Lors d’une vague de chaleur pendant laquelle 3 jours consécutifs atteignent  une température maximale moyenne Tmax ≥ 35°C, ou lors d’au moins 1 jour avec Tmax ≥  40°C

Conseils pour les travailleurs : travailler en toute sécurité à des températures élevées

La meilleure façon de se protéger des conséquences d’une vague de chaleur au travail, c’est d’anticiper. La sécurité commence en effet dès l’étape de la préventionAux premières prévisions météorologiques, pensez directement à sensibiliser vos collaborateurs aux règles suivantes :

  • Boire au minimum l’équivalent d’un verre d’eau toutes les 15-20 minutes, même si l’on n’a pas soif (+/- 3 litres par jour)

Comment savoir si on est suffisamment hydraté ? Par la couleur des urines : si elles sont jaune foncé, c’est que la personne ne boit pas assez.  Si au contraire, les urines sont “hyperclaires” comme de l’eau, la personne boit trop et risque alors une perte de sel.

  • Porter des vêtements légers qui permettent l’évaporation de la sueur (ex. : vêtements en coton), amples et de couleur claire si le travail est à l’extérieur ;
  • Se protéger la tête du soleil ;
  • Adapter son rythme de travail selon la tolérance à la chaleur et organiser le travail de façon à réduire la cadence (travailler plus vite pour finir plus tôt peut être dangereux !), assurer une rotation des tâches avec des postes moins exposés ;
  • Dans la mesure du possible, réduire ou différer les efforts physiques intenses et reporter les tâches ardues aux heures les plus fraiches de la journée ;
  • Alléger la charge de travail par des cycles courts travail/repos (ex. : toutes les heures) ;
  • Réclamer et utiliser systématiquement les aides mécaniques à la manutention (diable, chariots, appareils de levage, etc.) ;
  • Eliminer toute source additionnelle de chaleur (éteindre le matériel électrique non utilisé)
  • Utiliser un ventilateur (seulement si la température de l’air ne dépasse pas 32°C) ;
  • Eviter toute consommation de boissons alcoolisées ;
  • Faire des repas légers et fractionnés ;
  • Redoubler de prudence si on a des antécédents médicaux et si l’on prend des médicaments (diurétiques, sédatifs, tranquillisants, etc.) ;
  • Cesser immédiatement toute activité dès que les symptômes de malaise se font sentir et prévenir les collègues, l’encadrement,…ne pas hésiter à consulter un médecin ;
  • Eviter le travail isolé, ce qui permet une surveillance mutuelle des travailleurs (détection des symptômes du coup de chaleur).

Premiers secours en cas de coup de chaleur

Malgré toutes les précautions, il se peut qu’un collaborateur soit victime d’un coup de chaleur. Bien que les symptômes varient d’une personne à l’autre, il est toutefois possible de repérer quelques signes qui doivent vous alerter : grande fatigue soudaine, crampes, nausées, étourdissements, vertiges, hyperthermie, peau sèche et chaude, somnolence. Si un collègue semble désorienté, confus ou même euphorique, qu’il est inexplicablement irrité ou qu’il éprouve des symptômes pseudo-grippaux, emmenez-le immédiatement dans un endroit sombre et frais et incitez-le à consulter un médecin. Dans ce genre de situation, si vous disposez d’un thermomètre qui affiche une température corporelle qui risque de dépasser 40°. Il s’agit d’une urgence médicale.

  • Alertez immédiatement les secours
  • Amenez la victime dans un endroit frais, sombre et bien aéré
  • Déshabillez la victime ou desserrez ses vêtements
  • Rafraichissez la victime avec de l’eau pour faire baisser sa température corporelle, l’arroser ou lui appliquer sur la plus grande surface corporelle (incluant la tête et la nuque), des serviettes mouillées.
  • Si la victime est consciente, lui faire boire de l’eau fraiche par petites quantités.
  • Si la victime est inconsciente, la mettre en position latérale de sécurité en attendant les secours après mise en route des premières mesures de secourisme.

Du point de vue de la législation

Le titre 1er du livre V du Code du bien-être au travail est la législation de référence en matière d’ambiances thermiques sur les lieux de travail. Cet article stipule que l’employeur réalise une analyse des risques des ambiances thermiques sur les lieux de travail, que celles-ci soient d’origine technologique ou climatique. Cette analyse de risque doit tenir compte des variations saisonnières, y compris donc les vagues de chaleur. Sur base de cette analyse de risques, l’employeur détermine les mesures de prévention adéquates. Pour l’exposition au chaud, la législation détermine des valeurs exprimées sous la forme de l’indice W.B.G.T. (Wet Bulb Globe Temperature).

Procéder à des mesurages est-il utile ?

Mesurer un indice W.B.G.T. dans une zone de bureaux, même en période de canicule, n’a aucun sens car le résultat se situera bien en deçà des valeurs légales. Il n’est donc pas utile de procéder à des mesurages puisque de toute façon, le constat sera le suivant : il fait chaud !  Mesurer un indice W.B.G.T. dans une zone de bureaux, même en période de canicule, n’apportera rien et le résultat se situera bien en deçà des valeurs légales. Il faut néanmoins envisager le fait qu’une période de canicule puisse accroître encore davantage la contrainte dans les situations de travail où l’exposition au chaud est un risque tout au long de l’année.

Conseils de prévention pour les employeurs

En tant qu’employeur, vous pouvez également prévoir une réorganisation temporaire du travail, le temps de la canicule avec les mesures suivantes :

  • encouragez le télétravail dans la mesure du possible ;
  • adaptez le rythme du travail selon la tolérance à la chaleur de chacun et organisez le travail de façon à réduire la cadence ;
  • assurez-vous également qu’il y ait une rotation des tâches avec des postes moins exposés ;
  • dans la mesure du possible, réduisez ou différez les efforts physiques intenses et reportez les tâches ardues aux heures les plus fraîches de la journée ;
  • allégez la charge de travail par des cycles courts de travail – repos ;
  • mettez à la disposition de vos collaborateurs des aides mécaniques à la manutention (diable, chariots, appareils de levage, etc.) ;
  • organisez le travail par groupe, de telle sorte qu’il y ait une surveillance mutuelle des travailleurs.

Mesures techniques :

  • adaptation des vêtements de travail,
  • ventiler les locaux

Mesures relatives aux premiers secours

  • sensibilisation des employés,
  • établir une procédure de raccompagnement au domicile d’un travailleur souffrant d’un coup de chaleur,
  • mise en place des premiers soins.

Plan canicule

Prévoir et organiser ces quelques journées annuelles est certainement la meilleure des solutions. Il est essentiel pour les travailleurs que leur bien-être soit assuré. Pour les entreprises, il est nécessaire qu’elles puissent continuer à fonctionner au mieux pendant ces périodes de fortes chaleurs. Si cela est pensé et négocié au préalable, avant que le phénomène météorologique ne se produise, alors l’ensemble des composantes d’une entreprise peuvent être gagnants.

Il est conseillé aux entreprises de prévoir à l’avance la manière dont elles vont gérer les périodes de forte chaleur tant au niveau du type de mesures de prévention mises en place que des conditions de déclenchement de leur plan canicule. Idéalement ce plan canicule devrait être élaboré et négocié en concertation avec la ligne hiérarchique et les travailleurs ou leurs représentants. L’avis du Conseiller en Prévention Médecin du Travail peut être requis et le plan canicule peut également être présenté en réunion de C.P.P.T..

Emmanuel Fabiocchi,
Conseiller en prévention-ergonome