17 février 2025
Ce n’est plus un scoop : nous avons un nouveau gouvernement fédéral et donc aussi un nouvel accord de coalition fédérale. Il s’agit d’ailleurs d’un accord très ambitieux, ayant de nombreuses implications en ce qui concerne la réglementation sur le bien-être au travail.
L’accord comprend des mesures formulées de manière générale, qui devront être affinées en cours de législature. Sur base de cet accord de coalition, des propositions de loi suivront, qui devront ensuite être approuvées par le parlement. Dans cet article, nous souhaitons donner un aperçu concis de ce que le gouvernement souhaite réaliser au cours de cette législature, en se concentrant spécifiquement sur l’impact possible en matière de bien-être au travail.
Collaboration entre le médecin du travail, le médecin-conseil et le médecin traitant sur la plateforme TRIO – responsabilisation des médecins
Une nouvelle plateforme en ligne, appelée TRIO, sera lancée. On pourra y retrouver le dossier d’incapacité de travail qui sera mis à la disposition des différents acteurs qui travailleront ensemble dans le cadre de la reprise du travail : le médecin du travail, le médecin traitant et le médecin-conseil.
Après un mois d’incapacité de travail, le médecin traitant devra partager le certificat d’incapacité de travail sur la plateforme TRIO. Le médecin du travail pourra ainsi avoir une meilleure vue d’ensemble et intervenir plus rapidement en matière de réintégration et de prévention de l’absentéisme de longue durée.
L’objectif est de faire de ce certificat d’incapacité de travail une ‘fit note’ (ou certificat d’aptitude), où le médecin traitant se prononce sur les capacités de travail (ce que le travailleur est encore capable de faire) et envisage la possibilité d’un autre travail ou d’un travail adapté. Pour ce faire, il pourra consulter le médecin du travail, qui est le plus à même d’évaluer les possibilités de travail adapté ou d’autre travail au sein de l’entreprise du travailleur.
Les médecins traitants risquent par ailleurs une sanction financière pour leur pratique de prescription si le nombre de personnes qu’ils déclarent en incapacité de travail est significativement plus élevé que celui de leurs collègues de la même région.
Pour chaque travailleur en incapacité de travail depuis un mois, le médecin du travail doit agir, notamment par l’envoi d’informations, l’invitation à un entretien, la réalisation d’un questionnaire ‘Quickscan’.
En cas d’incapacité de travail de 2 mois, un « médecin traitant responsable » est désigné en tant que coordinateur. Il se charge du suivi et de l’accompagnement des patients en incapacité de travail de longue durée, et intervient en tant que personne de contact entre le médecin du travail et le médecin-conseil. Il fournit au patient un dossier médical global lorsqu’il remet ou prolonge un certificat d’incapacité de travail. Il s’agira principalement du médecin généraliste, mais on pourra également désigner un spécialiste.
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Réintégration
Le trajet de réintégration sera réformé en profondeur.
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Services de médiation à l’emploi
Les services de médiation à l’emploi (Forem, Actiris, VDAB) joueront également un rôle plus actif dans la réintégration des malades de longue durée et collaboreront étroitement avec le médecin du travail. Ces services de médiation contacteront les malades de longue durée un mois après leur inscription et leur proposeront un parcours obligatoire sur mesure.
Licenciement pour raisons médicales
Ce type de licenciement sera possible après 6 mois d’incapacité de travail définitive, au lieu de 9 mois actuellement.
Salaire garanti
Le droit au salaire garanti ne sera rétabli qu’après au moins 8 semaines de reprise du travail. Actuellement, ce délai est de 14 jours calendrier.
L’accord de coalition indique que les analyses de risques annuelles ne devront plus être répétées chaque année si les conditions de travail restent inchangées. Actuellement, la législation sur le bien-être ne fixe pas de délai annuel pour les analyses de risques. Le cabinet d’avocats Claeys&Engels indique dans son analyse de l’accord de coalition qu’il s’agit probablement plutôt du plan d’action annuel que des analyses de risques.
La loi sur le bien-être sera réexaminée en vue de simplifier le volet administratif et d’améliorer l’efficacité. L’accord ne prévoit pas plus de détails à ce sujet.
Les jeunes pourront désormais travailler comme étudiants à partir de l’âge de 15 ans, au lieu de 16 ans. Leur nombre d’heures de travail autorisées sera limité à 650 heures par an.
Le nouveau gouvernement souhaite lever l’interdiction du travail de nuit. Auparavant, le travail de nuit était interdit, sauf exceptions. Dorénavant, le travail de nuit sera toujours autorisé.
Désormais, le ‘travail de nuit’ ne sera considéré comme tel qu’à partir de minuit, au lieu de la plage horaire comprise entre 20h00 et 6h00. Cette mesure vise à rétablir la compétitivité des secteurs de la distribution et de l’e-commerce vis-à-vis de l’étranger. On ne sait toutefois pas encore si cette règle s’appliquera à tous les secteurs.
Les primes pour les prestations de nuit telles que fixées dans les conventions collectives resteront en vigueur.
Les mesures suivantes sont également proposées :
En outre, les flexi-jobs (travail supplémentaire contre une rémunération fiscalement avantageuse) seront autorisés dans tous les secteurs, tant que les règles pour les professions protégées sont respectées. Cela s’applique tant au secteur public qu’au secteur privé, notamment dans les secteurs en pénurie de personnel tels que l’enseignement, la garde d’enfants, le sport et la culture.
Les secteurs peuvent cependant choisir d’interdire les flexi-jobs ou d’imposer des règles supplémentaires. Les revenus annuels maximum pour les flexi-jobs seront également revus à la hausse.
Le gouvernement souhaite également faire des efforts pour améliorer la combinaison travail et vie privée. Par exemple, les droits en matière de congés des parents seront réformés de manière à faciliter la prise de congés pour s’occuper d’un enfant.
Le nouveau gouvernement envisage également le concept de « téléTRAINtravail ». Si l’infrastructure technologique le permet, ce concept permettrait de comptabiliser les heures prestées pendant le trajet domicile-travail comme des heures de travail. Cette mesure est encore peu concrète.
Enfin, les emplois de fin de carrière pour les travailleurs âgés seront maintenus, mais réservés à ceux qui ont déjà accompli une carrière de 30 ans (et plus tard 35 ans) au lieu de 25 ans. La prépension sera en revanche réduite.
Au lieu de trois jours, on souhaite revenir à deux jours d’absence par an pour maladie, pour lesquels le travailleur n’est pas tenu de fournir un certificat médical à son employeur.
Enfin, passons en revue quelques mesures de ‘moindre envergure’ issues de l’accord de coalition. Les formations des pompiers seront par exemple réformées. On souhaite également agrandir les zones de police sur une base volontaire.
Un plan de pandémie sera développé pour les futures pandémies. Le registre de présence dans le secteur de la construction sera complété par une obligation d’enregistrement lors de la sortie du chantier (comme c’est déjà le cas dans le secteur du nettoyage).
Si vous souhaitez lire l’accord de coalition dans son intégralité, consultez le ici.